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Christian Bonnefoi

Lexique et Diagramme - Traité de peinture Tome II

 
Collection Diptyque

Paru en : octobre 2023
Format : 250 x 210 mm
Reliure : cousu fil de lin
Illustrations : 10 ill. couleur et n./b.
Pages : 264 pages
Prix public : 24,00 €
ISBN : 978-2-930174-59-4

 


Auteur(s) : Christian Bonnefoi

Régulièrement exposée, l'oeuvre de Christian Bonnefoi compte au nombre des figures marquantes de l'art contemporain en France. Lexique et Diagramme constitue le second tome du Traité de peinture dont le premier volume est paru en avril 2023. L’œuvre de Bonnefoi s’est élaborée patiemment depuis les années 1970 dans une reprise de la question du tableau et du pictural dont il s’est efforcé de repenser à nouveau frais les fondements. Comme l’écrit le philosophe Michel Guérin dans la préface au premier tome du Traité de peinture : « Plus que le motif, le moteur de l’écriture de Christian Bonnefoi c’est la construction d’un concept du tableau, dont la fin n’est pas de se substituer finalement au tableau réel mais d’en partager l’incertaine condition ».

Second tome du Traité de peinture, ce Lexique des termes de la peinture est composé comme un roman lexical. Renouant avec la tradition des traités de la Renaissance, Bonnefoi prolonge l’action de la peinture et son savoir muet, sa technè, dans le médium du langage. Les rubriques classées par ordre alphabétique et appelées à s’enrichir virtuellement se développent dans des registres d’écriture variés passant de l’élaboration conceptuelle d’un terme à son inscription dans une histoire des techniques de la peinture ou à sa reprise poétique. Ainsi en est-il par exemple des notions de « détail », « condensation », « effacement », « mode d’exposition », « seuil », « verso » ou encore du « collage » parmi une centaine d’autres termes du Lexique.
Véritable « dispositif », qui constitue avec le « Tableau » et le « Remake » l’un des trois modes techniques de la pratique de Bonnefoi, le « Collage » se développe dans une réflexion sur l’épaisseur du plan, la profondeur d’une réserve qui remonte à la surface picturale et la déborde, comme les souvenirs de la mémoire involontaire ou les « avant-corps » qui se détachent du « tableau », tels les simulacres de Lucrèce. Comme l’écrit Bonnefoi, le collage n’est pas réductible à cette invention technique des cubistes, « il signifie que la surface comme entité, héritée du Quattrocento, n’est plus apte à accueillir les nouvelles formes, qu’il faut la dupliquer, voire la démultiplier, développer son expansion aussi bien dans ses marges que dans son épaisseur et sa matérialité ».
Ce précepte vaut du même coup pour la langue où « le mot qui va prendre en relais la pointe la plus avancée 
de la peinture ne s’en détache pas pour autant entièrement ; il en conserve la coloration qui est sa façon à elle, la peinture, d’exister au-delà de son lieu, c’est-à-dire dans la langue ». La correspondance épistolaire (avec Jean Louis Schefer, Gilles Hanus, Pascal Bacquè, Norbert Hillaire, Michel Guérin ou Dina Germanos Besson) s’invite dès lors elle aussi dans l’élaboration des notions, qui convoquent pêle-mêle l’événement biographique, l’instance de la critique historique, la rêverie, la recommandation adressée au peintre, ou encore la description fine de ses opérations.

Empruntées à la philosophie (l’accroissement du réel de Bergson), à la poésie (le calme bloc de Mallarmé), au roman (le Pays de l’Obscur de Proust) ou encore construites depuis l’expérience du peintre (comme ce que Bonnefoi nomme la division de la division), les notions du Lexique s’étoffent et densifient la constellation des relations qu’elles entretiennent entre elles au fil d’une lecture ouverte sur un labyrinthe des circulations possibles. 
Ce second volume du Traité comporte, en première partie, une introduction au Diagramme, qui est une mise en espace et une stratification de l’œuvre de Bonnefoi.

« Dans le 
Lexique, [les mots] s’agitent à la façon des puces dans les poils du chien et sautent de-ci de-là, parfois bonds immenses, parfois d’un poil à l’autre. Ils tissent alors des fraternités étranges que Lucrèce trouvait condamnables parce qu’elles produisent des monstres comme dans les images où une tête humaine vient à se souder à un corps de taureau. Varron plongea sa vie dans cette marmite grouillante et instable et, malgré le soin qu’il prit à rationaliser en introduisant des règlements exportés de la grammaire, rien n’y fit ; ceci sautait à cela.
Le Lexique que je propose est donc de cette espèce : il fait cause commune au 
mouvement des images et peut, modeste, s’attarder sur un détail ou, vaniteux, aller au-devant des plus grandes monstruosités, tout comme Lucrèce qui, tout en disant « cela ne se peut », laisse aller son imagination à des combinaisons de corps ou de végétaux qui n’auraient pas déplu à Ovide. » (Christian Bonnefoi)
 

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